• 44 - 02/2012 P.Dessertine M.Kerber A. BlancBrude : action actuelle de la BCE, situation de la Grèce, impact sur la zone euro

    15 fev 2012 BFM Radio les experts - Nicolas Doze

    Je vous livre un long résumé de cet entretien qui confronte les avis d'un professeur de finance français, d'un économiste allemand, et d'un président de fonds d'investissement.

    Leurs perceptions et leurs prises de position nous éclairent sur le sort de la Grèce et son origine, ainsi que sur la réalité de l'Eurozone.

    lien de l'émission à écouter: 40 mn 

    « 20120215_experts_1.mp3 »


    • Alain Blanc Brude : président du fonds Alpha, fonds d'investissement
    • Philippe Dessertine : directeur de l'institut de Haute Finance, professeur de finance et de gestion
    • Marcus Kerber : professeur universitaire de finances publiques et d'économie politique à Berlin et à Sciences Po.

    La Deutsch Bundesbank (banque centrale allemande) a pris des distances avec la BCE sur le LTRO, action de libérer des liquidités sans limite à horizon 3 ans pour les banques

    Marcus Kerber : c'est une création monétaire regardée d'un oeil critique par la Bundesbank et ses alliés naturels (Pays Bas Luxembourg Finlande Autriche) car risque inflationniste +++ : c'est d'abord un cadeau aux banques pour rétablir leur marge bénéficiaires et qu'elles investissent dans des emprunts d'état. C'est le "Sarkozydeal" pour investir dans des emprunts d'etats à fort péril financier.

    Philippe Dessertine : Mario Draghi a affronté une situation d'urgence fin 2011 limite de crédit crunch, la BCE devait réagir, cependant, c'est de la création monétaire avec des montants énormes; en 10 jours on a créé 487 milliards d'euro injectés dans les banques => on a recréé exactement les conditions de la crise de 2007 => avantage classe politique française (droite/gauche): ça laisse les coudées franches par rapport aux élections pour faire des promesses

     Ce sont les fondamentaux que l'on retrouve dans toutes les crises gravissimes.

    Marcus Kerber : cette politique est un crime monétaire. La 2ème offre 28 février 2012 offrira des liquidités à des montants encore supérieurs aux banques.  Combien de temps la Bundesbank et les banques du luxembourg et des  Pays Bas, qui votent systématiquement contre, vont-elles accepter ça et éxécuter les décisions de la BCE ? 

    Total déséquilibre de gouvernance au sein du système de l'euro. Incongruité totale entre responsabilités et gestion => ceux qui décident ne supportent pas les conséquences. La BCE est devenue un faussaire de la concurrence entre les banques qui sont encore saines et celles qui dépendent entièrement de la BCE pour s'approvisionner en liquidités : on remet la catastrophe à plus tard, ça sera une très très grande catastrophe,on gagne du temps, et les hommes politiques qui applaudissent la politique de la BCE ne s'arreteront que devant le précipice.

    Alain Blanc Brune : Mario Draghi fait ce qu'il faut faire, exactement! C'est la seule chose possible! Mais l'allemagne ne va pas vouloir, ça ne va pas durer.

    Markus Kerber : l'Allemagne s'interroge, a voulu maintenir la zone euro, on aurait du laisser tomber la Grèce beaucoup + tôt. Cette erreur n'a pas été punie. La société civile est très inquiète, on a porté plainte contre le transfert de souveraineté monétaire, les peuples n'ont pas été consultés. Le gouvernement essaie de sauver les meubles, il faut discuter du rétrécissement de la zone euro tant que c'est encore possible. Les allemands n'auraient pas abandonné le mark si ils avaient su ce qu'il les attendait, la zone euro ne peut pas rester en l'état jusqu'en 2013, ils sont très remontés contre leur gouvernement.

    Le produit de la zone euro : écart de compétitivité énorme entre le nord et le sud

    Il faut une re définition de la zone euro autrement ça va vers le gouffre

    Philippe Dessertine : nous sommes aux limites de l'économie, la Grèce est en danger de démocratie, elle risque de basculer dans un régime totalitaire : exclusion de l'UE => conséquences économiques lourdes sur toute l'Europe, mais aussi géo politiques tragiques : la Grèce s'est armée de façon excessive, fournie par France Allemagne et USA, (une des causes de son déficit...) dans les années 2000 et la Turquie est son ennemi héréditaire; la Turquie est voisine de la Syrie, a eu des évenements négatifs avec Israël.

    Marcus Kerber : il ne faut plus continuer à sauver l'euro et sacrifier la démocratie

    Alain Blanc Brude : il faut une convergence d'intérêts, une vision commune. Merkel qui soutient Sarkozy est un contresens, il n'y aucun interet commun entre la France et l'Allemagne, il faut le constater, c'est comme ça.

    Salaires : +6,5% sur les salaires demandés par IGEMETAL en Allemagne et demande de -22% sur smic en Grèce. mais aussi Portugal Espagne Italie

    Philippe Dessertine : on est allés trop loin dans l'exigence face à la Grèce, on veut qu'elle n'aggrave pas sa situation. On voit qu'on peut conduire la Grèce au risque de destruction de la démocratie, c'est le pire pour l'Europe : il faut rétablir le système de compensation interne en Europe, nous ne l'avons pas suffisament fait.

    Marcus Kerber : la Grèce a reçu + de 100 milliards net de l'UE pour developper son économie depuis 30 ans; on voit le résultat. Dire qu'il faut plus de solidarité c'est légaliser le vol! Bruxelles est largement responsable : depuis 2007 on sait que l euro a créé un feu de paille : croissance superficielle et ephemere. L'euro zone est divisée en 2, le Nord gestion monnaie forte excédent commercial, et le Sud, dont la France a une autre philosophie... il n'y a pas d'accord, il faut faire un aterrissage en douceur, sinon vrais dégats.

    Alain Blanc Brune : Peugeot resultats 2011 déficit // Daimler Benz 6 milliards bénéfice avec le mem euro : tout est là! En Grèce, le problème c'est l'incapacité a avoir un système fiscal : tous les riches armateurs sont délocalisés et n'apportent pas 1 euro de recette fiscale. On n'arrivera a rien sans régler ce problème.

    Philippe Dessertine : on doit avoir une rigueur commune en Europe... une vraie politique économique commune avec euro obligations. Sinon a va a un éclatement.

    Marcus Kerber : je n'y crois pas, c'est impossible. Les résultats de ceux qui font leur travail ne peuvent pas payer pour les autres. Il est déjà difficile en Allemagne, état fédéral,de faire payer les lander riches pour les lander plus pauvres... L'Europe n'est pas un état fédéral, c'est une fédération : dans les traités, solidarité dans les catastrophes naturelles uniquement (article 200-122-2). Une osmose existe entre les sociétés civiles : les allemands adorent la france en tant que destination... amitié franco allemande = formule polie pour exprimer une mésentente cordiale, les classes politiques ne se comprennent pas du tout. L'etat des finances publiques en France est dramatique. Le déficit de la France a triplé en période de croissance 2009-2010 c'est la preuve de l'irresponsabilité.

    L'euro était une expérience, ça tourne à l'aventure, il faut savoir arréter !

    Philippe Dessertine : le modèle français ne tient pas à terme. La France a des atouts, des ressorts de dynamisme, est une grande puissance, ce que nous observons dans les finances publiques françaises est une situation qui va péter!

    Alain Blanc Brude : situation pré electorale : gestion de Nicolas Sarkozy extraordinairement  critiquable sur les finances publiques et les déficits, c'est une catastrophe... Hollande veut renégocier les accords avec Merkel, et les français le croient. Nos 2 candidats : un ne fait pas les réformes pour réduire les déficits et l'autre veut en faire encore plus.

    Marcus Kerber :c'est le drame de la France : aucun des 2 candidats n'ouvre à la France une perspective nouvelle, comment libérer les énergies créatrices qui résident dans le peuple français: il faut un candidat qui parle vrai et trace un programme pour mobiliser les forces industrielles. La France a tous les atouts pour pouvoir mieux se battre dans le commerce exterieur.

    La Grèce : on croyait que tout était réglé, un troisième chèque, hair cut sur la dette, politique et population contente : on voit le résultat, c'est incontrôlable et dimensions politiques, le sauvetage de l'euro coûtera la démocratie, ça devient un protectorat c'est inacceptable.

    La démocratie est la carte de visite de l'UE.

    On ne peut pas dire aux grecs, au nom de la défense d'une monnaie, qu'ils doivent renoncer à leurs droits inaliénables.

    Les grecs doivent faire le travail eux mêmes quel que soit le temps nécessaire.

    Philippe Dessertine :  la fiscalité grecque, Bruxelles, Berlin et Paris ont une responsabilité gigantesque, on connaissait la situation, on a mené une politique géo stratégique d'extension de l'Europe vers la Turquie. Si on désolidarise de la Grèce, retour aux drachmes, désastre économique, le tourisme grec ne pourra pas refinancer l'etat grec.

    Bruxelles pouvait contrôler l'impôt : Si les armateurs grecs proposent des prix si bas aux industries françaises et allemandes et italiennes c'est parce qu'ils ne paient pas l'impôt. L'Europe doit assumer ses responsabilités

    Marcus Kerber : il faut respecter le souhait d'une majorité de grecs de sortir de la zone euro pour revenir à la normalité dans un délai + long.

    La Grèce n'est pas géo politiquement importante , c'est une quantité négligeable politiquement et économiquement...

     


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